Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/146

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petits écoliers en rupture de classe font la loi. Les grands arbres, prisonniers, soupirent de toutes leurs branches et les créneaux, vieilles dents grises, mâchent à vide.

C’est tout un monde à faire renaître en fermant les yeux. Les arbres encore à la hauteur des touffes de lis, la grande vasque, festonnée de sa dentelle de pierres, remplie d’une onde claire, miroir immobile, réfléchissant la lumière pure des temps où il pleuvait seulement l’hiver. Et des oriflammes de soie claquent sur les donjons, allongeant aux détours d’une allée, sablée d’or, une langue d’ombre pourléchant les fleurs. Des servantes vont et viennent portant des corbeilles, des pages retiennent des grands lévriers qui halètent, un faucon échappé tourne en spirale heurtant ses œillères aux fronts des statues. Sur le perron même où nous nous accoudons, le seigneur du lieu s’appuie, fripant son gant de chasse…

Les enfants crient, tous ensemble :