Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

on, la traîne royale de la mer. D’une voix étranglée, Hereld, prononce des mots féroces :

— Vise au ventre, Rohild !

— Tiens la voile, Hereld, répond le pêcheur.

Et il détend son bras, une seconde replié, lance l’arme qui siffle en déroulant sa corde d’un seul jet.

Le ventre du monstre resplendit, blanc, rosé, tout couleur de chair sous l’aurore. Le long des hanches grasses, aux molles ondulations, retombent ses deux nageoires comme deux manches de soie. Mais le monstre n’a pas de main pour arracher la flèche qui pénètre, mord le bas de sa lourde taille d’impératrice. La colossale poupée luisante, à qui l’on vient de faire un sexe de corail dans une affreuse blessure, s’effondre en poussant un cri, un rauque aboiement de douleur et de rage…

Le phoque plonge, fuit, tire et remonte, vomissant de l’eau pourpre.