Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/199

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— C’est une femelle, dit Rohild, avec un inexplicable frisson.

— Oui, et elle te mènera loin, réplique Hereld, diaboliquement heureux.

Il relâcha la voile pour prendre le vent de la course.

L’épouvantable voyage vers l’inconnu commence.

La bête tire, le vent souffle, la toile claque, affolée, telle une langue excitant des chiens. Rohild les bras tendus, tenant la corde à pleins poings, essaye de résister en même temps que le mât, devine qu’une force mystérieuse l’entraîne à sa destinée d’homme, car le courant est contre eux, pour la bête. Il est lié par un lien sanglant à ce monstre et il n’aperçoit plus que sa tête là-bas, une tête de femme dont les cheveux sont les vagues fouettantes, toutes les vagues échevelées !… Oui, c’est bien une femelle, une créature de ruse, une belle fille de la mer, possédant d’inconcevables ressemblances avec les belles filles de la terre.