que sa mère lui avait amené, le matin, sur le chariot des provisions. Oui, des femmes étaient venues leur apporter des vivres aux avant-postes ; tout un attirail pour l’élevage des porcs qu’on avait sauvé d’une ferme incendiée, une colossale bassine de cuivre, des auges remplies de légumes à moitié cuits, de croûtons de pain noirs de fumée, et cette suprême douceur du café — même sans sucre — qui allait leur permettre d’attendre l’ennemi, haut les paupières.
Le capitaine Noll n’avait pas, ce soir-là, des idées bien précises sur l’héroïsme. Il regrettait les enthousiasmes du départ de la ferme, tout ce bruit qu’on avait fait plus tard, à Prétoria, pour les recrues de l’âge de son cadet. Quand l’Algérien porta une santé cérémonieuse, en guise d’écot, à la patrie d’adoption, il fut de mauvaise humeur, s’imaginant que cet étranger lui volait un peu de son pays. Il répliqua par un sobre salut, demeurant muet devant