Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/92

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en souvenir de son meilleur numéro : le cheval à table.

— Ah ! faites-le taire, pour l’amour de votre Dieu si vous en avez un, bandit ! Faites-le taire ou je vous fusille ! rugit le capitaine Noll exaspéré.

C’était le plus doux des Boërs, le capitaine Noll, mais il n’avait jamais rien entendu de pareil, et, justement, son pied se réveillait aussi, protestant de toute sa douleur contre ce surcroît de supplice.

Amaldo se mit à siffler d’une façon stridente en s’élargissant la bouche de ses deux index. Le cheval daigna interrompre son meilleur numéro en reprenant une pose naturelle. Il se redressa péniblement, apparut dans sa structure ordinaire de bonne bête blanche, inoffensive, toujours balançant l’encolure, toujours traînant la patte. Il revint vers son maître, se réveillant à son tour de sa crise… d’oubli ou de souvenirs. Souffrait-il ? Son détraquement cérébral, faisant mouvoir toutes les touches