Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/103

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comme je vous choisis. Il faut que vous m’appreniez avant de me prendre ? et si vous êtes déjà fatigué, il faut me permettre de vouloir à votre place !

Léon se pencha sur elle.

— Donne-moi ta bouche, au moins ?

— Vous ne saurez pas m’embrasser. J’ai peur, moi, des gestes inutiles. Se sont eux qui gâtent tout.

— Tu es malade ? Tu as une infirmité quelconque ?… je te déclare que je suis prêt à ne rien voir. Il me faut loi. Je ne serai tranquille que lorsque je t’aurai… (Comme elle détournait la tête, il la dressa sur sa traîne en la prenant par la taille.) Je ne peux traduire votre résistance, Éliante, que par un désir de viol. Franchement je n’ose plus m’y résoudre. Ce ne sont pas mes mœurs. Je devine en vous un instrument de perdition, et ceux que vous avez tenus du bout des pinces menues de vos cils ont dû passer un mauvais moment… avant. Mais, après… ce doit être très drôle… Ah ! les chemineaux qui étranglent leurs bergères… simplement parce qu’elles résistent… ils ont raison… Réponds-moi ? Tu désires qu’on te viole ? Qu’on te tue ? Je n’aurais pas pitié de loi !

Éliante souriait :

Je suis déjà morte.