Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/128

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un peu scandalisé, souriait, maintenant, tout ému de les trouver si pures de forme.

— Mais enfin, pourquoi vous ressemblent-elles, balbutia Léon, arrêtant son index sur le mignon visage de la dernière, une qui, les deux bras arrondis au-dessus de sa tête s’auréolait d’un éventail, laissant un dragon bleu l’enlacer par le milieu du corps. Je rêve peut-être… qu’elles vous ressemblent ?

— Vous ne comprenez pas, murmura doucement Éliante ? C’est gentil à vous ne pas oser deviner, il faut donc que je vous le dise : elles me ressemblent parce que c’est moi qu’elles représentent. Celle qui est double est doublée de mon propre corps. La première fois que mon mari vit cette idole dans une pagode, en Chine, il m’écrivit, car je n’avais pas encore voulu l’accompagner, qu’il venait de découvrir ma sœur, et, enthousiasmé de sa découverte, il acheta une réduction en ivoire de la grande statue et fit modeler derrière elle une cire. Il faut vous expliquer qu’en Chine l’art de la sculpture sur ivoire ou sur toute autre substance qui peut se peindre selon les tons de la chair est au moins aussi répandu que l’est ici l’art de photographier… en supposant que ce soit un art de reproduire exactement la nature en grand deuil ! Eux, les Chinois, cherchent à