Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/129

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donner la sensation nerveuse. Ou ils font horrible ou ils font délicieux. Grâce aux indications enthousiastes de mon mari, pour moi, ils firent délicieux. Je ne suis plus aussi jolie que cela ! Les jumelles de la droite furent cruellement séparées, et je remplaçai celle qui n’a pas la tiare de déesse. Les autres… elles vinrent au monde successivement, selon les caprices d’Henri, aux cours des longues traversées. Il modelait lui-même la cire comme un véritable artiste, et, durant mon absence, ses doigts pétrissaient toutes ces petites femmes à mon image. Quand je voyageais avec lui, il passait des heures à soigner les têtes, à leur donner mes physionomies, surtout mes yeux. Je ne voulais pas toujours me prêter à ses fantaisies, parce que j’étais bien trop jeune pour en saisir le sens divin. À présent, je vois que son amour allait jusqu’à…

— L’érotisme, cria Léon Reille, se dressant révolté. Votre mari était un monomane, un fou dangereux, bon à doucher !

Cette fois le jeune homme s’indignait sincèrement. Pour jouer aux petites déesses obscènes, il avait conservé de la patience, mais une jalouse fureur s’emparait de lui devant les emblèmes de la prostitution conjugale.

— Quoi ? Tout ça, toutes ces petites ordures,