Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/164

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Arrivée devant Léon Reille, elle sourit :

— Vous n’avez pas de boutonnière, vous… alors… donnez-moi donc un sou… un petit sou percé. M’sieur, ça me portera bonheur !

Missie était ravie de voir le jeune homme troublé.

— Oh ! le grand sot qui n’a rien à nous offrir ! On vole du gui… quoi ! N’en manque pas, autour de vous !

Machinalement, il tira son porte-monnaie, y découvrit, parmi des pièces d’or, une plus mince, une médaille bénite que sa mère lui avait donnée et qu’il n’osait pas perdre parce que cela lui aurait attiré des scènes… de famille (Mme Reille la lui réclamait une fois par an, le jour de Pâques). Il la jeta sur l’éventail. Éliante la ramassa.

— Tiens ! Une médaille de la vierge ! Merci, Monsieur… je vous revaudrai cela.

Et elle s’inclina gravement, pendant que Missie pinçait la bouche. Dans l’entrebâillement du maillot fendu à la place du cœur pour y maintenir l’étui qui recevait le couteau, il vit de la chair blanche, l’étui n’y était plus… il ferma les yeux.

— J’y compte bien, Madame, balbutia-t-il.

Éliante quitta le bal pour aller s’habiller.

— Dommage, grommela un gamin solennel, un petit frisé comme un marquis de bonbonnière.