Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Moi… bien, j’épouserai qui on voudra, pour sortir d’ici, où je ne suis pas chez moi.

Léon, se mordant les lèvres, lui versait du champagne avec attention.

— Si Mme Donalger nous entendait, elle qui donne des bals blancs en votre honneur ?

— Elle ferait mieux de m’assurer une dot chez son notaire !

— Calmez-vous, ma chère enfant. Ne criez pas ces choses, mon Dieu !

— Oh ! je sais bien que vous n’irez pas lui répéter… vous commencez à faire comme l’autre, qui est parti, un jour, en pleine réception, claquant les portes ! Il voulait m’épouser. Il croyait que j’avais la fortune, et, naturellement, il me préférait à Éliante ; mais, quand il a su la vérité, il s’est enfui. Un Monsieur de trente-six ans, d’ailleurs bien trop âgé pour moi. Et cette folle d’Éliante a eu le toupet de me dire que je m’étais montrée trop… institutrice pour lui. Vous pensez si nous avons ri mon oncle et moi !

— Je crois bien, c’est tordant !

— Il l’a plantée là… mon vieux !

— Pardon, fit Léon suffoqué, constatant que. décidément, les femmes modernes ne savent pas boire, ce n’est pas elle qu’il a plantée là… ce semble.