Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/186

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son heure. Elle, chastement, — je maintiens qu’elle est très innocente, — toi, brutalement, vous voulez me dompter, faire de moi un très docile coursier qui vous mènera au plaisir, franchira des obstacles sous les coups de cravache et que vous abandonnerez au milieu des champs déserts, vers le soir, quand vous rentrerez dans vos maisons avec le bonheur.

Je n’ai jamais eu de maison, et je ne suis jamais entrée, avec le bonheur, sous un toit vraiment hospitalier.

Je suis l’aventurière qui passe, danse et ramasse des sequins pour en parer sa robe.

Je ne vous demandais rien… que de me laisser danser.

Alors vous ne voulez pas ? Vous en serez cruellement punis tous les deux. Je vous forcerai à être heureux ensemble… et quand vous entrerez dans votre maison… vous y trouverez les sequins, mais la danseuse sera partie.

C’était, vous direz-vous l’un à l’autre, une folle un peu déconcertante !

La folle du logis, mes enfants… et vous vous apercevrez, malgré la beauté du devoir qui est d’être unis, que l’on ne peut pas vivre, jeune ou vieux, chaste ou sensuel, sans cette folle. Je pense que vous vous tromperez mutuellement.

Moi, vous ne me trahirez pas. Je suis trop