Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/74

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— C’est que nous ne parlons pas encore la même langue ? Cela viendra !

— Bientôt, dis !

— Chut !…

Missie servait les petits verres de liqueur et les défilait un à un, comme les améthystes d’un collier.

— Voilà, cria le diplomate élevant un mignon calice après l’avoir dévotement chauffé dans ses mains, on dirait de la fleur, de la fleur en personne. Goûtez-moi ça, jeune homme, c’est notre chère Éliante qui fabrique cette mixture avec ses bouquets de bal. Une fameuse crème de violettes, bien meilleure que celle qu’on vend dans les maisons anglaises.

— Oui, dit simplement Éliante, ce sont des religieuses qui m’ont appris cette recette, et elles en faisaient grand cas, comme d’un secret de confessionnal.

— Moi, déclara Missie éternuant, je trouve que ça brûle la poitrine, il faut être ma tante pour avaler ça… ou mon oncle ! Oh ! là ! là ! j’en prends parce que je veux sortir ce soir, mais quel incendie. On dirait tous les feux de l’enfer, votre crème de religieuse.

— Parbleu ! souffla Léon impatienté. Une recette trouvée au fond du vase tunisien !

Si bas qu’il eût parlé, Missie entendit et leva