Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/76

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de robes, des belles robes extraordinaires. Naturellement, tout ça c’est pas convenable pour une jeune fille. J’ai voulu, un beau matin, en avoir le cœur net, et je suis allée sur les pointes… Ma tante dormait… elle dort jusqu’à midi. J’ai tout examiné, sauf le vase blanc, qu’elle n’avait pas encore acheté, dans ce temps-là, je suis remontée joliment bête ! Si c’est tout ça qu’on défend aux jeunes filles… j’y ai rien compris, et ça ne m’a pas paru très amusant… Elle peut dormir tranquille… je ne descendrai plus, même pour la potiche tunisienne.

— Tu devrais toujours écouler ta tante ! gronda machinalement le vieux diplomate en pleine béatitude digestive et avec le respect attendri qu’ont les vieux hommes ruinés pour les jeunes femmes riches.

Missie éclata :

— Bien je l’écoute !… puisque je vous dis que ça me rase. Je ne suis pourtant pas une bégueule, moi. Je sais comment on fait les enfants, on me l’a appris au cours du lycée.

Léon Reille eut la sensation de recevoir un coup de fouet d’un côté et une douche de l’autre.

— Mes sincères compliments, Mademoiselle, moi, j’avoue ne pas le savoir encore très définitivement, quoique futur médecin.