Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/101

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çaient des mots renversants, s’appelant : ma vieille ! mon gros rat écorché !… La pluie ayant cessé, ils conduisirent Mary au jardin ; le capitaine, debout sur la balançoire, exécuta des tours de force ; sa femme, les jupons retroussés, le nez en l’air, montra de quelle manière on tirait la grenouille à coups de boule. Mary avait peur de salir son jupon.

— Qu’est-ce que ça te fiche, cria madame Corcette, puisque ce n’est pas le tien !…

L’argument était sans réplique. Mary tira la grenouille à côté d’eux.

Le soir elle devint bavarde, racontant ses malheurs avec ses chats.

Alors, madame Corcette envoya la bonne de porte en porte chercher des petits chats. Elle en eut bientôt plein son tablier, et cette récolte fut déposée sur le tapis turc, où elle miaula, jura, griffa ; une vraie ménagerie.

Mary, les larmes aux yeux, se précipita dans les bras de la jeune femme.

Manette, la bonne, disait gaiement qu’on pouvait en avoir d’autres si on y tenait !… Ce fut du délire ! la petite fille à quatre pattes les dévorait de caresses, les appelant des noms de ses chers défunts. Corcette s’affubla d’une peau d’ours et fit l’animal féroce qui va croquer le troupeau. Mary les défendait, son jupon rouge étendu, et l’on renversait les meubles, on cassait des porcelaines, on criait, on se bousculait.

Madame Corcette se tordait de rire, s’amusant plus que les autres. Manette, très délurée, pinçait