Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/49

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chaises, et taillait des pantalons de drap noir dans les pantalons de drap rouge de son mari qu’elle faisait teindre ; elle prétendait que c’était moins salissant, des culottes noires. À la vérité, son petit logement reluisait de propreté ; seulement on la trouvait toujours par terre, le chignon défait, lavant le plancher.

Puis la femme du trésorier, une mégère haute en couleur, perpétuellement sur le point d’accoucher, ayant déjà six filles et comptant sur un garçon. Celle-là était la terreur de son mari, un peu buveur d’absinthe, elle avait fait une scène un soir, dans le café des officiers, au malheureux trésorier en train d’oublier les six filles d’Adolphine dans un carambolage des plus savants.

Dominant ces ménages d’inférieurs, la femme du lieutenant-colonel comte de Mérod apparaissait quelquefois aux visites de corps ; une élégante mondaine s’occupant de faire arriver son mari du côté des généraux, une comtesse ayant été reçue aux Tuileries, sachant son grand monde et ne laissant aucune prise à la médisance.

Dans l’escadron volant des officiers à marier, il y avait le jeune Zaruski qui faisait grimper les escaliers de la cathédrale à son cheval Trompette ; le bon Jacquiat, lequel se trouvait toujours entortillé par des farces extraordinaires d’où il ne sortait qu’en offrant un punch aux camarades ; le maigre Steinel au masque de don Quichotte, étique à force de fumer de mauvais tabac ; monsieur de Courtoisier,