Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/82

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Vous m’avez loué huit cents francs un appartement…

— Ah ! vous trouvez que c’est trop cher ! interrompit la dévote de l’air de quelqu’un qui a mangé de l’épine-vinette.

— Au contraire, scanda l’heureux colonel, je trouve que je vous vole, il y en a pour des millions chez vous, et je ne peux pas rester ici à votre charge ! Je ne souffrirai jamais cette injustice !… Quand on habite un musée, n’est-ce pas, il faut en subir les conséquences. Je vous saurai gré d’augmenter vivement votre local ou je pars ce soir !…

Elle avait bien entendu dire que les hussards sont fous ; pourtant cela dépassait ses prévisions. Elle étudia un instant la figure du colonel, une figure impassible de guerrier !

— Allons… Monsieur, vous plaisantez !…

— Mademoiselle, un colonel ne plaisante jamais… Si je détériore vos richesses, vous en serez pour vos frais, et moi je ne respire plus depuis que l’on m’a dit… depuis que j’ai vu que j’étais dans un palais princier… Entendons-nous bien !… Est-ce que vous avez voulu vous moquer de moi ? Me donner en spectacle à mon régiment ?… Mes officiers ne peuvent pas en croire leurs yeux… J’exige une augmentation.

La dernière des Parnier de Cernogand comprit à quel homme elle avait affaire, elle lui tendit sa main couverte d’une épaisse mitaine.

— Monsieur le colonel, vous êtes un vrai cheva-