Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/85

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vitrée, mademoiselle de Cernogand prétendait avoir vu des ébats absolument contraires à la sainte règle de la maison. Ce coq avait des allures inconvenantes.

Caroline riait des réflexions pleines de sous-entendus que lui faisait à ce sujet brûlant sa propriétaire ; cependant elle fit tuer l’animal parce qu’après tout elle voulait la paix. Cette victoire donna de l’audace à la dévote, elle expédia son intendant, M. Anatole, dans les cuisines d’Estelle afin de tâter cette fille qui lui paraissait la bête noire de la famille.

Estelle pouffa de rire quand on lui demanda si elle se confessait, puis au bout de la semaine, très séduite par les façons patelines de ce sacristain, elle consentit à aller à la messe avec Clémentine. On lui présenta la chose comme une vraie petite fête. Estelle lâcha Pierre et Sylvain pour M. Anatole et elle eut l’imprudence de se laisser conduire aussi aux réunions de la fameuse Confrérie des Casseroles.

— Madame devrait bien s’occuper de l’éducation religieuse de mademoiselle Mary ! dit un jour Estelle en servant un plat de truites sur la table du colonel.

Celui-ci lisait le journal du soir, la botte allongée devant le feu, tandis que Tulotte renouait la serviette de la fillette et que la jeune malade, plus pâle que de coutume, arrangeait des pilules dans les boulettes de son pain. Daniel Barbe releva la tête brusquement, avec des yeux stupéfaits.

— Hein ! fit-il, l’éducation religieuse de Mary !… De quoi vous mêlez-vous, ma fille ?