Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/92

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pées, des ménages, des bonbons ; mais cela ne remuait pas autour d’elle, les poupées se brisaient… Il faisait trop froid pour sortir les ménages, hélas ! Quant aux bonbons elle leur préférait la simple tartine de beurre de son goûter.

La maman ne bougeait plus de sa chaise longue ; Tulotte passait son temps à disputer la cuisinière, l’appelant cafarde ; le papa allait chasser avec Corcette et le comte de Mérod dans les gorges du Jura.

L’hiver était venu, charriant les neiges qui ne voulaient pas fondre dans la cour. Mary, partie de l’Auvergne avec un soleil magnifique, s’imaginait que les villes de France sont divisées en deux catégories : les villes où c’est l’Été et les villes où c’est l’Hiver !…

L’aventure du plat de beignets avait gâté la conversion des Barbe et un autre scandale vint la faire sombrer pour toujours aux yeux de leur propriétaire. Une fois, Mary fut envoyée à la recherche de cette mystérieuse Estelle qui, maintenant, quand elle n’était pas au confessionnal, s’enfermait dans sa chambre. Mary grimpa l’escalier comme feu sa chatte, c’est-à-dire très vite et sans bruit. La chambre de la bonne, située sous les toits, possédait un gros verrou fermant assez mal un huis tout disjoint ; Mary, juste à la hauteur d’une fente du bois, aperçut vaguement l’habit noir de l’intendant de mademoiselle Parnier, un habit en forme de lévite que tout le monde connaissait ; elle entendit la voix de sa bonne balbutiant des choses étouffées. Mary