Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/97

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croissait rapidement. Quelquefois on lui amenait des enfants du 8e : Paul Marescut, les filles de la trésorière ; mais il arrivait que ces enfants se dégoûtaient vite de son air sombre et des jeux qu’elle leur proposait comme des trouvailles : soit l’enterrement d’une poupée disloquée, soit un pèlerinage à la tombe des chats derrière l’écurie, dans la fosse au fumier, avec des bougies et des encensoirs de papier. Dès qu’on voulait une partie de barre ou une ronde, elle se retirait à l’écart.

Un jour que l’oncle de Paris, le fameux savant Antoine-Célestin Barbe, devait venir pour une consultation pressante, madame Corcette, après avoir chuchoté longuement au chevet de la malade, emmena Mary chez elle.

C’était au mois d’avril ; la neige faisait place à une boue noire, épaisse comme de la crème, remplissant les rues et crottant les jupes. Le capitaine Corcette, aux arrêts pour une semaine, attendait la petite fille du colonel comme une distraction qui lui était bien due de la part de son grognon de père.

— Eh bien ? demanda-t-il lorsque sa femme arriva suivie de Mary, très ahurie de leur voyage à travers Dôle.

— Nous la garderons peut-être plus longtemps que nous ne pensons, dit-elle. On est allé chercher le marchand de choux pour avoir le petit frère… il paraît que ce chou ne veut pas se laisser effeuiller… il y a des complications, une fluxion de poitrine qui se déclarera, un remède qu’on n’a pas continué,