Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/134

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printemps, s’arrêtait pour laisser chauffer un peu les vagues.

Ça recommencerait, bien sûr, car le mauvais temps, c’est aussi une habitude dont le ciel ne se débarrasse guère, mais on respirait, cette minute-là.

Je mis ma lunette au point.

Quelque chose de blanc tachait le dos noirâtre de l’écueil.

Ce dos s’allongeait l’espace de plusieurs mètres, assez semblable à la quille d’un bateau retourné sens dessus dessous par l’ouragan, luisant, glissant, une vraie peau de phoque.

Pas une touffe d’algues, pas un pouce d’herbe, pas même de sable dans un creux. Le rocher simplement lisse que polissait l’eau depuis toute éternité.

En travers, un corps livide.

…Oui, un cadavre roulé là, jambes d’un côté, bras de l’autre, et le flot soulevait autour de sa tête une espèce de draperie brune.

Ce corps était absolument nu.