Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/135

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Je ne sais pas pourquoi j’eus tout de suite la fièvre parce qu’il était nu.

Il paraissait si blanc, si pur, si allongé en forme de fuseau et si joli.

— C’est une femme ! criai-je.

La draperie brune ?… des cheveux… de très grands cheveux dénoués. Une femme sans ceinture de sauvetage, celle-là. Une jeune femme qui achevait de se décomposer au tiède soleil de juin.

J’avais envie de pleurer et…

J’avais envie de rire, d’un mauvais rire de garçon qui se moque de la honte des filles nues.

Je descendis rapidement la spirale pour chercher le vieux.

Il allait préparer la grue d’arrimage, le ravitailleur ne pouvant tarder. Il enfonçait sa casquette sur ses oreilles, se dirigeait, plié en deux, oiseau de proie dont les ailes déplumées pendaient le long des rocs, vers l’esplanade, et son harpon traînait derrière lui comme une grande queue sans poil.