Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/146

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À l’intérieur, c’était presque propre, ça sentait le lait frais, du sable recouvrait des carreaux rouges. Sur le dressoir luisaient des brocs d’étain, sur le comptoir un bouquet de lilas trempait dans un pot à beurre. Pas de patronne, seulement un tricot abandonné sur une chaise. Je tambourinai. Une vieille arriva, descendant un escalier invisible. Je lui achetai deux tablettes de chocolat, plus une pelote de fil.

— Vous n’auriez pas connaissance d’un petit chien, Madame ? Un tout jeune, pour l’élever ?

— Non ! je n’ai pas de chien ici. Ça peut se trouver, des fois, on verra voir. Vous ne prendriez pas une bolée pour attendre l’éclaircie ?

— De ce temps ? C’est pas de refus. Je laisserai couler l’eau.

Je m’assis devant le comptoir, tout près du bouquet de lilas. C’était du vilain lilas presque brun, mal éclos et déjà fané, mais ça me représentait le printemps que je n’avais pas vu