Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Merci bien, je liche pas de ça.

— C’est du poison ?

Elle se remit à rire :

— Peut-être ben qu’on vous en donnerait pas, même gratis.

— Oh ! et avec du sucre…

Ses yeux s’allumèrent :

— Ben oui, seulement pour le sucre.

En quatre morceaux elle eut sucé tout mon verre. Et elle m’entama des histoires extraordinaires de gamine, où je démêlai que sa tante la grondait souvent parce qu’elle couraillait les rues du bourg.

— On ne peut jamais sortir, chez nous. Le dimanche après la messe faut que je reste là, en plan, pour espérer des gens qui viennent point acheter.

Hélas ! Pauvre petite ! Il y a des gens qui viennent toujours… Seulement, elle était bien jeunette, mon Dieu ! Et j’entrais en paradis rien qu’à la regarder.

Elle ne pouvait pas savoir que je sortais d’un