Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/163

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— Vous ne chercherez plus à m’embrasser ?

— Non, je me contenterai du brin de lilas… que vous avez oublié de me donner ce soir !

— Ah ! oui, le lilas ! Je ne suis pas polie… j’aurais dû…

— Ça ne compte plus, du moment que nous ne nous accordons pas.

Nous longions le bord d’un fossé que la route pâle, dans la nuit, faisait paraître plus noir.

— Dites donc ? Est-ce qu’il y a du monde là-bas ?

Elle se serrait près de moi, la voix sourde.

— Où ? Je ne vois personne à l’entrée du bourg.

— Moi, je ne vous accompagne pas plus loin, monsieur Jean Maleux, rapport aux lumières.

— Alors, adieu, mademoiselle Marie.

— À bientôt, hein ?

— Pourquoi faire ? C’est tout chaud ou tout froid. Vous êtes bien libre, moi aussi. Vaut mieux en rester là… peut-être qu’on serait malheureux.