Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/164

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D’un mouvement brusque, tout pareil à celui qui l’avait fait se jeter en arrière quand nous étions sous le hangar, elle se jeta dans mes bras, se dressant sur ses pointes pour atteindre mon visage.

Nos lèvres s’épousèrent.

Oh ! cette fille-là savait embrasser de naissance, je vous en réponds ! Elle se donnait de toute sa bouche, n’offrant rien d’autre parce qu’elle ne savait rien de meilleur, mais elle y allait de son morceau de paradis.

Ses yeux brillaient comme deux lampes.

Il me sembla que j’aspirais le vin d’un verre plein à déborder, tout doucement, puis, plus vite, afin de n’en pas perdre une goutte. Nous restâmes près d’une heure bouche à bouche, ne prononçant plus un mot. C’était le baiser breton, le roi de tous les baisers, celui qui enivre les fiancés chastes… ou qui les tue !