Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/194

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après-midi de pluie, elle n’y mettait aucune malice. On va, on vient dans la vie des gens de terre, et un passant chasse l’autre. Elle m’avait sauté au cou, comme elle sautait maintenant à la corde chez les cousins. Quand elle rentrerait, elle éclaterait de rire ou festonnerait son fichu entre ses pattes de petit chat rôdeur. Quoi ! Tout cela était bien naturel. J’en aurais pleuré.

De dépit, je ne parlai pas de la croix, et je broyai le gâteau, le mangeant, pour prouver que je ne déjeunerais pas chez cette vieille. Fallait-il s’en aller tout de suite ? Une fois parti, fallait-il revenir ? Je me sentais un étranger à tout et pour tous.

Mon Dieu, que je souffrais !

La petite boutique n’avait pas changé, seulement elle me parut affreusement malpropre, basse, noire, empuantie d’odeurs de vaches, de crème aigre et de cuisines pauvres.

Il fallait ficher le camp, ne plus revenir jamais… jamais… Je sortis, l’air crâne, après