Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/198

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Je flânai aux étalages. Ah ! il y avait de bien belles choses pour la petite Marie, des robes à traînes, des chapeaux à plumes et des bijoux rutilants ! Malgré mon chagrin, tout se rapportait à elle, et rien ne valait sans elle. L’homme de l’amour est possédé par un démon qui lui montre un perpétuel visage d’amour. Marie me guettait dans les soieries, sous les dentelles et à travers les plus impossibles diamants. C’était elle, toute nue, que mon esprit revêtait de toutes les étoffes charmeuses. Elle me suivait, elle admirait avec moi, et, brusquement, elle me quittait au détour d’une maison, s’évanouissant dans une porte qu’ouvrait une autre femme que je ne connaissais pas. Je ne pensais pas à m’acheter la moindre bagatelle pour mon usage particulier. J’allais, comme ivre, n’ayant plus envie de rien… Oh ! tenir seulement sa main entre les miennes…

Et si je l’avais revue, je n’étais plus très sûr de crier : la voilà, car je ne me rappelais que son cher petit visage d’un soir de désir, où