Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/197

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Je n’aimais pas cette petite fille de Brest, plus que j’avais aimé les petites filles de Malte. J’aimais… l’Amour !

Malheur à ceux qui aiment l’Amour !

Car ils sont toujours trahis : les aimerait-on immensément, on ne les aimera jamais assez ! Ils trouvent toutes simples des choses trop compliquées, comme, par exemple, la fidélité, la tendresse, la passion qui se consume à attendre une promise ou une catin, la passion qui s’augmente de sa propre usure, qui veut tout, et souvent ne veut plus rien, craignant d’en trop demander, qui n’ose plus aux clartés de la joie, tellement elle a osé dans l’ombre et le silence du tourment.

Les filles ? Non, j’étais mort aux filles.

Pour mon repas du soir, j’achevai le gâteau des fiançailles, et je rentrai dans Brest, découragé, meurtri, sans espoir, sans idée, sans camarade, n’espérant même plus rencontrer la petite Marie le long des ruisseaux de la rue des Bastions.