Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/206

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la lumière humaine mêlée aux mensonges des étoiles, douce tour d’amour… Notre union arriva comme vient un mal nécessaire : le mal de vivre pour soi-même.

On ne pense plus au péché.

On ne songe plus au plaisir.

La vie vous emporte dans son flot, et elle vous jette, enfin brisé, sur la grève obscure du sommeil.

Qui a brisé l’homme seul, si las d’être isolé ?

C’est la vie, l’implacable vie.

Qui a bercé l’homme seul pour le consoler un moment dans le repos ?

C’est la mort, l’implacable mort !

Et, quand on se réveille, on va voir pousser l’herbe, quêtant l’espoir…

Mais l’herbe ne pousse pas dans les petits cercueils pleins de terre.

Mon jardin n’avait fleuri que de quelques grains de sel, cadeau de l’océan, bouquet de la Sirène.