Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/207

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Une nuit, vaillant, à mon heure de garde, près de ma fenêtre, je fus halluciné par d’étranges fantômes.

La lune inondait les vagues d’une clarté pure et froide.

Le phare, lançant des rayons roses autour de lui, s’efforçait d’attraper la lune dans ses bras vigoureux.

C’était un curieux combat entre Elle, la grande vierge, et Lui, le monstre issu des ténèbres.

Elle avançait, la face pâle, très calme, refoulant le brouillard d’or qui essayait de la rejoindre pour lui faire perdre sa raison d’éclairer.

Peu à peu, elle le mangeait, en formait sa propre lumière.

On devinait parfaitement ce travail de bête, ou de femme dissolue, à sa bouche d’ombre fendant le bas de son visage. Là, elle porte une blessure, une cicatrice, des lèvres, certainement, qui aspirent, se rouvrant tous les mois, les