Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/214

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me voir, s’enfuient éperdues, leur longue chevelure battant leur dos, et je suis assez lâche pour les supplier de rester.

Ce n’est plus aux femmes vivantes que je songe. Il me faudrait des créatures plus passives, plus complaisantes, plus au-dessus des pudeurs de ce monde pour m’amuser maintenant, ou, alors, de telles filles dévergondées, possédant de tels secrets d’amour !

Et je voudrais aussi pouvoir les rejeter à l’eau, m’en débarrasser la chair pour toujours, ne jamais les rencontrer, de nouveau, sur ma route.

Ma route ?

Je monte, je descends.

Quelquefois, le long de l’esplanade je vais jeter des lignes afin d’essayer de capturer un monstre, un gros poisson mangeur de pourriture.

Ça relève le menu. Les salaisons nous ensanglantent les gencives, et, par les fortes marées, nous manquons souvent de pain.