Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/216

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repas, laissant mûrir nos réflexions) comment le jeune gardien, mon prédécesseur, avait été tiré d’ici, les pieds en avant, bien entendu.

Le vieux a grogné, m’a tourné les talons sous prétexte de se chercher du rhum.

Il n’aime guère causer de… l’accident

Est-ce l’Ascension, est-ce l’Assomption ? Quelle fête se prépare !

Il fait de pâles brouillards, les lunes sont plus claires, et, de la mer, monte une odeur plus violente, une odeur sauvage que j’ai fini par démêler comme un chien sent l’approche d’un maître. C’est le rut de l’Océan, la grande marée meneuse de tempête. On ne peut pas dire qu’il fait chaud, parce que l’air est toujours cinglant, le vent hurleur, et les vagues bondissent à vous recouvrir d’une pluie salée, à vous transir jusqu’aux os quand on s’égare le long de l’esplanade, mais il fait trouble. L’eau bouillonne comme dans une chaudière, l’écume fuse par grands jets blancs, mousseux. On dirait des bouquets de marguerites.