Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/217

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Le phare tressaille, vibre, semble déraper, d’abord tout doucement, selon que l’on regarde l’esplanade, ou très vite, selon que l’on regarde là-bas le dos de la Baleine. Ce récif noirâtre l’attire comme un aimant attire une grande aiguille de fer.

Et la valse éternelle s’accélère ; plus les vagues sautent, plus le phare tourne.

Ça ne me cause aucun vertige. Cependant, je sens, distinctement, que je suis le vertige personnifié, et que d’avoir enfin pris l’habitude de courir immobile à ma perte me rend le centre même de toutes les catastrophes.

Je porte en moi tous les malheurs.

J’ai chaud à la tête, l’estomac me brûle, mes jambes sont toujours glacées, molles comme du coton.

Je marche en rêve.

Lorsque j’allume les lampes, il n’est pas rare que j’oublie de refermer la porte à feu.

Je sais très bien que je vais l’oublier. Je commence le mouvement en me disant ;