Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bombait, ses jambes râclaient la pierre, et les pinces de ses doigts tâtaient les endroits glissants.

Moi, je longeais les crampons, gardant mon filin dans mes mâchoires serrées.

Nous étions des bêtes.

De surnaturelles bêtes, plus que des hommes : nous luttions contre le ciel, et moins que des esprits, car nous ne possédions plus la conscience de notre besogne.

Nous sortions de notre coquille pour flairer la mort et tâcher d’en garantir les autres. Mais nous n’avions pas d’orgueil. C’était bien fini de penser quoi que ce soit de noble, nous étions trop abrutis. Et nous rampions devant la mer qui crevait de rire à nos barbes.

On amena la grue d’arrimage. On pelota tous les fils, on serra les palans. Le vent s’attachait sur nous comme un aigle sur la laine d’un mouton. On recevait des soufflets si naturels qu’on avait envie de les rendre. Des serpents d’eau nous glissaient autour des jambes, des