Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/241

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pour imiter un nuage ou du brouillard sur l’arc-en-ciel, un peu de la cendre de ma pipe.

La nuit tomba. Il y eut des éclipses.

Je me trouvai au pied du phare qui était devenu tout rouge, un phare sanglant couronné de grosses pointes d’or qui me menaçaient comme des doigts en cornes ; j’essayai de grimper pour prendre mon béret pendu à l’une de ces cornes, non, jamais je ne pourrais l’atteindre !

— Ho ! Hisse ! Hisse en haut ! Je peux pas, nom de nom !

Et je faisais le geste de tirer sur le palan de la grue d’arrimage. Un garçon me poussa dehors, après m’avoir extirpé une forte somme. Je m’en allai, chantonnant le refrain du père Barnabas. Pas heureux, pas malheureux non plus, ne pensant ni aux promises, ni aux filles. Je m’en allai, ruminant des imbécillités.

— Est-ce qu’il fera beau demain ? Si je m’achetais du savon ? Ce qu’elle doit s’embêter derrière la vitre, la tête de la mer !… Pas moyen de