Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/252

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du côté nord, et je le regardais comme étonné de le voir si grand.

Depuis que je ne lui adressais plus la parole que dans les occasions solennelles et que j’avais réparé seul notre brèche de la cinquième meurtrière, moyennant le ciment envoyé du Saint-Christophe, il semblait me conserver rancune.

Mais il restait toujours vaillant à la besogne, les temps de bourrasques ; d’ailleurs, il m’avait garé du vent le soir du navire en perdition… et on s’estimait.

…Quel navire ? Je ne me souvenais pas bien.

Tous les navires se perdaient par chez nous. Nous habitions la Tour d’Amour !

Mathurin Barnabas était grand, maigre et grand comme le phare, il ne se voûtait que pour flairer les épaves.

Sa figure blafarde, son nez camard, ses yeux sanglants qui pleuraient, maintenant, des espèces de glaires lumineuses, son haut front chauve, lui donnaient l’aspect d’un fantôme de chrétien, un matelot péri au loin qui revenait pour tor-