Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que quelqu’un nous le tirait par en bas pendant que nous le hissions par en haut. Et on se demandait s’il tomberait enfin dans le gosier du phare, sa porte ronde qui béait, de loin, comme l’entonnoir d’un serpent.

Cahin-caha le panier s’arrima ; on vit un vieil homme, le Mathurin Barnabas probablement, se précipiter dessus, un vieil homme frimant l’oiseau de proie, parce qu’il marchait plié en deux, laissant traîner des bras ouverts comme des ailes déplumées.

Après le panier, c’était mon tour.

Je demeurais assis sur le pont du Saint-Christophe, regardant stupidement la mer qui me hurlait des choses canailles. Le grand air ne me dégrisait pas. Je me croyais toujours le seigneur d’une maison bâtie en forme de tire-bouchon, et qui allait perforer le ciel à la seule fin d’en faire ruisseler des averses d’eau-de-vie anglaise. Et je devais grimper le long, je criais :

— Hisse ! hisse en haut !