Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

soi-même, je crois, plutôt que de leur manquer de parole. Cependant, ce qu’on n’avait pas prévu, c’était les allures du phare en dehors du service. Ça non, la marine de Brest ne les avait pas prévues. Et celles du vieux, donc !…

Le lendemain du concert qu’il m’avait donné là-haut, je regardai mon chef attentivement, et je m’aperçus qu’il n’avait plus de cheveux ; ou il les avait ramenés sous les oreilles de son bonnet de laine, ou il… les avait posés. Dame ! Fallait bien, n’est-ce pas, puisqu’il n’en possédait plus un. Cet homme-là était parfaitement chauve, au moins le matin. D’ailleurs, ça ne me regardait pas. J’étais une moitié du gardien, domestique de l’autre moitié. Ma position se définissait mal. Le vieux affectait de ne pas m’adresser la parole. Il grognait comme un cochon ou chantait comme une jeune fille, mais ne causait certes pas comme un homme naturel. Je lui déplaisais certainement. De temps en temps, je me mettais à parler tout seul, pour me faire une société. Aux Ponts-et-Chaussées,