Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/65

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complètement incapable de remuer davantage. La jeune fille avait la tournure de ma petite mauresque, celle dont la photographie ornait ma chambre de guette. Elle était maigre, mince de hanches, très amenuisée du bas de sa personne, se terminant en fuseau qui tourne. Ses cheveux, coupés courts sur le front, lui formaient une petite casquette de voyou ; elle était brune, de peau jaune et grise comme celle d’un citron pas très mûr, avec des yeux allumés de chat sauvage, des yeux de toutes les couleurs, comme ceux des chats.

Comme les chats !…

Je ne me rappelais bien que cette phrase-là d’elle. Je l’avais connue si peu ! Tout de suite reparti pour un nouveau cabotage, et la laissant à la garde de quatre soldats anglais capables de la tuer en cas de résistance. Mais… je savais bien qu’elle ne résisterait à personne, la sacrée petite garce…

Et le rêve se déroula plus loin que le phare. Je me trouvai transporté dans un îlot de verdure.