Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/71

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Je me mis à considérer les fleurs, et je m’attendris :

— Y en a-t-il ! Tout ça des orangers ! Tout ça des citrons ! Quel pays ! On se croirait à l’église…

La petite mauresque de Malte approuvait :

— Vois-tu, que je lui disais, y a un Dieu ! C’est sûr tout autant que tu es une garce et que je suis un pauvre homme. Qu’on mange du charbon ou qu’on porte les galons de commandant, c’est pour tout le monde qu’on a fait les fleurs, pas vrai ? Nous les sentons, hein, comme si nous avions trente mille livres de rente ?

Elle me baragouina tout de suite de l’anglais, à cause du mot : mille livres.

Je ne compris pas bien.

Les prix étaient débattus depuis la veille.

Elle ajouta, en français de Marseille :

— Et, si tu repasses par Malte le mois prochain, faudra pas m’oublier…

Je lui répondis oui du meilleur de mon cœur. On s’aimait, quoi !