Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/77

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Ce n’était ni la hauteur du phare, ni sa position isolée au milieu du flot qui m’effrayait. Je me l’imaginais mal assis et un peu incliné, peut-être, à cause de la difformité du rocher sur lequel on l’avait bâti. Certainement le rocher se présentait de travers, si le phare allait droit ! On ne sait rien de la force des vagues, pas plus que celle des marées prévues. Il y a toujours la chose qui arrive en dépit de la science des ingénieurs. Trente-six ans de durée, c’est vieux pour un ouvrage de pierre qui reçoit chaque jour et chaque nuit toutes les claques furieuses de l’océan.

Engourdi, je me tenais stupidement à la grille de la cage, tâtonnant pour ouvrir le trou de feu que je connaissais comme ma poche. J’avais la sensation d’être encore dans mon rêve, de dormir et de rouler selon le bercement des vagues ténébreuses, un bord sur l’autre, me moquant bien de la réalité.

— De quoi ? Pas allumé ?… Du moment qu’on rigole, ça ne fiche rien ! On n’allume pas