Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

point, une voile, puis une autre : les bateaux de pêche qui tentent la passe difficile pour aller quérir les marchandises de la criée prochaine. Quatre heures du matin ! Elles luttent, pataugent un bord sur l’autre, se rangent en file, se dédoublent et les voilà parties, la toile tendue à se rompre, comme des pigeons ayant vu luire du blé sous le vert de l’herbe.

Allons, nous, faut travailler aussi.

Mes lampes sont propres, mes godets à huile se remplissent, le mécanisme fonctionne honnêtement. Il fait un temps assez solide, pas de danger que la vitrerie se démonte aujourd’hui. Je devrais être satisfait.

Et je ne sais pas pourquoi, je suis inquiet. Je bâille nerveusement. J’ai faim… il faut descendre.

Je rencontrai le vieux loup sur l’esplanade.

— Beau temps, l’ancien, que je lui dis de toute ma politesse.

Il bougonna, selon son habitude, levant sa