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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/124

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prendrons jamais, puisque nous ne pouvons pas interroger nos parents.

lui : Est-ce bien utile de comprendre ?

elle : Tu es bête ! Toi, un homme, tu devrais savoir.

lui : Je ne suis encore qu’un… garçon.

elle : Tiens, je ne peux pas souffrir l’air que tu as ! (Elle fait un geste d’impatience.)

lui (subitement en colère) : Et moi, j’ai horreur de ta manière de parler !

(Silence.)

elle (rêvant) : Non ! ce n’est pas naturel tout ce qui nous arrive. Dernièrement, en lisant dans mon livre de messe : « Et Jésus, penchant la tête, rendit l’âme », j’ai frissonné de tout mon corps. Pourquoi ai-je tremblé ainsi ? je n’en sais rien, mais cela me faisait presque plaisir d’avoir mal et de plaindre le Bon Dieu. (Elle se tourne vers l’amoureux.) Veux-tu que je te dise tout ce qui me fait de la peine, depuis que nous nous connaissons ?