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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/126

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lentement, avec de petits froids détestables, puis elles finissent par me brûler, et je tombe en arrière dans un fauteuil, prise d’un fou rire ! Oh ! c’est une peine terrible, celle-là ! je n’ai jamais pu m’empêcher de me la donner…

lui : Ce n’est pas drôle, en effet ! J’ai un autre plaisir encore plus beau. Je mets mon index sous un rasoir, et je me dis : « Une ! Deux ! Trois !… Attention ! » Puis j’enlève tout de suite le rasoir quand je sens qu’il va couper. Je crois que je vois ruisseler mon sang par terre, et que mon doigt est tombé en gigotant comme un morceau de serpent rouge. Ah ! si on me voyait, on saurait que j’ai du courage. Chaque fois, du reste, je me fend l’épiderme un peu, un très petit peu.

elle : L’autre matin, j’ai cueilli un lis dans le jardin, un lis plein de rosée. J’ai d’abord jeté la rosée… à cause des oiseaux ; et je l’ai rempli de lait frais. Ça moussait ! ça moussait ! On aurait dit du champagne blanc, et ça sentait la fleur chaude. Malheureusement, mon