Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/133

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n’a pas osé te faire de mal ! (Ils se regardent, attendris, et s’embrassent furtivement.) Faisons la paix ! Moi, je n’ai plus de plaisir à te dire.

elle : Et moi, plus de peine à te conter (À ce moment, la clarté de la fontaine s’éteint, le ciel s’assombrit.) Jouons à autre chose !

lui (lui prenant les mains) : Laisse-moi dégrafer ton corsage pour aller respirer ton cœur, j’en ai la tentation !

elle (pudique) : Ce ne serait pas convenable.

(Elle se recule un peu et joue avec l’eau. On entend comme un bruit de perles remuées.)

lui (à genoux) : Je t’en supplie !… (Elle lui jette de l’eau à la figure.) Je le veux !

(Elle éclate de rire et se renverse en arrière, ses cheveux se déroulent sur l’eau.)

elle : Non ! Non ! Pas cela, mais je te permets de caresser mes nattes.

lui (se précipitant sur sa chevelure déjà mouillée) : Est-ce qu’ils sentent la jacinthe aussi ? Donne-les moi ! Donne-moi tes mains,