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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/143

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Moi, je ne découvrais là qu’un espace en désordre très commode pour jouer. Je n’abîmerais ni les corbeilles ni les plantes rares, puisqu’il n’y avait que de l’herbe et des fleurs sauvages. Si cela ressemblait à un cimetière, c’était toujours un cimetière gai. Mais le soleil se voila d’un nuage couleur de cuivre, la verdure prit une vilaine teinte, et au bout de deux ou trois courses dans les liserons je fus de mauvaise humeur.

On rangea nos caisses à l’intérieur du vestibule. Marie ouvrit toutes les fenêtres, épousseta les meubles des chambres, et maman retrouva le calme. Pendant qu’on procédait à notre définitive installation, j’eus l’idée de me glisser derrière la maison en faisant le tour par le jardin, car il n’y avait pas de porte donnant sur l’autre moitié du cimetière. À mon grand étonnement, je me trouvai dans une obscurité presque complète. L’orage menaçant avait mangé le soleil, et il ne restait plus qu’un petit rayon livide éclairant la