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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/144

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vitre ronde d’une lucarne de grenier. Ce reflet de gros œil malade dans ce mur tout gris, tout lézarde’, me produisit un effet très singulier. Le jardin, la maison prenaient, de ce côté, une allure étrange et des couleurs de crapaud vert. Les liserons ne fleurissaient même plus sur les arbustes. L’herbe était d’une grandeur et d’une sauvagerie troublantes. Trois buis, taillés jadis en silhouettes de capucins, se dressaient de distance en distance, et le dernier, au fond, près de la haute muraille de clôture, avait un aspect d’homme sinistre planté le dos tourné. Puis cet œil de vitre, dardé sur ce coin de forêt vierge, pleurait on ne savait quelle désolation. Je me mis à courir, à crier férocement, lapant des pieds, pour essayer de réagir contre la secrète terreur qui m’envahissait, et tous les bruits expirèrent en échos plaintifs que les arbres se renvoyaient l’un à l’autre comme des mots d’ordre. Ma mère écarta un volet en m’entendant crier et m’adressa des signes impérieux.