Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/150

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voudrais tailler des arbres, et avec un enfant, encore ?… »

Il y eut une longue pause embarrassée.

Moi, je continuais à voir disparaître mes canifs, mes billes, mes ficelles, mes ficelles surtout. Dès que je fabriquais un fouet, le bâton que je tenais entre mes jambes pour l’attacher solidement finissait par s’évanouir à travers l’herbe drue, et la ficelle, si je tournais la tête, se sauvait n’importe où. Ça m’exaspérait. Je sentais que ce ne devait pas être un voleur qui volait… Et, à moins que nous ne fussions tous très étourdis… quelque chose nous harcelait dans cette maison des vacances, positivement. Une fois, Marie perdit du linge qu’elle avait mis à sécher sur une corde, et quand je lui en demandai la raison elle me répondit, la physionomie grave :

« Vous êtes trop jeune. Madame a défendu qu’on vous parle de l’histoire. »

Donc, il y avait une histoire. Oh ! oh ! je passai les journées à me creuser l’esprit et à