Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/154

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nant ! Que fallait-il conclure ? À l’aurore, mes idées prirent un autre cours, je ne voulais plus admettre qu’une ancienne pendue, très moisie, sortît de sa tombe pour taquiner une cuisinière en lui dérobant des torchons. Non ! Le revenant devait être un animal d’espèce particulière, hantant les lieux mal clos, surtout les maisons désordonnées, et j’en vins à croire qu’on me parlait d’une morte pour ne pas m’épouvanter trop au sujet d’un danger réel ! Elle avait tout avoué si facilement, cette vieille folle de Marie. Bientôt l’héroïque pensée de capturer la bête remplit ma cervelle, m’éblouit. J’étais fort, j’étais adroit, j’avais des données sur les mœurs des Indiens, et, une fois dans le sentier de la guerre, je ne reculerais pas. Quelle prouesse et quel honneur ! Ma mère pleurerait de joie comme le jour des prix, mon père m’appellerait : fier lapin ! et Marie pourrait se risquer à cueillir du persil au crépuscule. Décidément, je lutterais contre l’ennemi commun. Le plan était