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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/171

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inconnu. Si tu es pianiste, tu seras la désolation de tes voisins, et ils attacheront du lard à ton cordon de sonnette. Peintre, tu mettras vingt-cinq ans à te choisir une école, et, sur tes vieux jours, te décidant pour la tienne, tu feras pouffer tes camarades, qui t’appelleront : vieux bonze ! Acteur, tu seras sifflé ; si tu n’es pas sifflé, tu auras toutes les grandes dames sur les bras, et tous leurs maris ou leurs amants sur le dos. Écrivain, tu chercheras des éditeurs ; si tu n’en trouves pas, tu crèveras de faim ; si tu en trouves, ils te demanderont de corser la situation ; si tu la corses, on t’accusera de pornographie ; si tu tiens à tes idées et que tu refuses ce léger sacrifice à ton éditeur, il te traitera de monsieur embêtant. Tu ne seras jamais édité si tu écris en vers ; si tu écris en prose, les journalistes influents auront soin de critiquer tes livres pour les empêcher de plaire au public, à qui, certainement, ils auraient plu sans leurs bienveillantes critiques… J’ajoute que